Déni ?... Les salariés aussi !

Ainsi, le déni permet de s'exonérer des réelles problématiques : on soigne toujours l'individu (qui je le rappelle accumule nombre de problèmes personnels !!!) mais qu'en est-il des organisations du travail ? On parle ainsi de stress des grands patrons, du burn out des infirmières, de l'épuisement professionnel des pompiers etc... On stigmatise et on juge les individus, on médicamente les personnes en souffrance, mais quel traitement pour le travail ?

Alors il faut sortir du déni et pour cela faire prendre conscience à chacun de ce que peut être cette souffrance, que recouvre-t-elle, que signifie-t-elle, pourquoi est-elle si prégnante dans notre société aujourd'hui ? Pourtant le législateur n'a pas été inactif dans ces domaines avec la loi de modernisation sociale de 2002 qui introduit la notion de harcèlement moral dans le code du travail et les nombreuses jurisprudences qui ont suivi et qui ont contribué à la protection du salarié.

Alors le déni est-il une façon d'exorciser ses peurs ? Celle de se tromper, de ne pas oser prendre position au détriment des conséquences dramatiques que cela peut engendrer. Nous connaissions le déni des dirigeants : "le harcèlement ça n'existe pas ici", "vous fabulez", "vous simulez" etc... Le déni des salariés est toutefois moins connu. Le déni individuel est souvent assimilé à un refoulement, le déni collectif correspond plutôt à des manipulations de masse, des collectifs de travail malsains au sein d'organisations perverses où l'individu n'existe pas, pas plus que son libre arbitre.

Certaines organisations se retranchent derrière le déni de la mondialisation, oui la souffrance au travail existe et alors ? Ce n'est pas ma faute, mais celle à... La crise, la mondialisation, les contraintes de nos organisations, les 35 heures et j'en passe... Et du déni naît la banalisation... (lire ou relire C. DEJOURS)... De là à devenir une norme il n'y a qu'un pas...

Sortir du déni afin de ne plus cautionner notre propre destruction ainsi que celle de l'autre et lutter pour un avenir meilleur, pour retrouver le sens du travail, pour s'ouvrir à une autre forme de culture, pour préserver notre savoir faire qui était jusqu'à présent l'un des meilleurs au monde...

S. LAURO - 11 septembre 2011

Remember :
"Depuis le 11 septembre nous avons régressé sur l'idéal kantien de paix universelle. Pour Kant le signe principal de reconnaissance des peuples consistait en l'hospitalité. Aujourd'hui, nous en sommes loin." P. RICOEUR