Les maux des mots

On préjuge alors de votre comportement, on n'évoque plus devant vous cet "épisode", on vous reproche d'en parler trop souvent etc... mais les mots (maux) ne sont pas dits ou du moins personne ne veut (ne peut) les entendre. Que dire alors des violences sexuelles, notamment en terme de harcèlement sexuel, où les victimes subissent une double peine de la part de la société : "s'il s'est passé cela c'est parce qu'elle l'a bien cherché" etc... Lire encore récemment le témoignage de Sonia (article la Provence "Marignane : une affaire de harcèlement sexuel jugée en correctionnelle") qui a son retour au travail se voit infliger l'ignorance de ses collègues de travail parce qu'elle a osé dire le calvaire qu'elle vivait !

Ou lire également l'article "Les mots pour dire les violences sexuelles, ou le minutieux travail de falsification de la réalité par le langage" de l'AVFT qui démontre ô combien, que la sémantique dépend du côté où l'on se place, je cite : "comme si, sans les mots, les victimes arrêteraient de souffrir. Cette grossière manipulation vise à faire silence sur les violences sexuelles, non pas bien sûr pour le bien-être des victimes, mais pour la tranquillité des agresseurs. Et c’est bien au contraire la mise en sourdine langagière des violences qu’elles ont vécues qui ronge les victimes." ou encore "lorsqu'on lit par exemple suite à la plainte d’une commandante de police ayant dénoncé le harcèlement sexuel de son supérieur hiérarchique, qu’elle avait traversé des « vicissitudes ».

Et bien d'autres maux et mots que je vous invite à lire sur dans l'article cité ci-dessus... tandis qu'on ne parle pas de destruction de l'autre, de meurtre psychique, de toutes ses femmes qui meurent un peu plus chaque seconde, meurtries dans leur chair et dans leur âme... Quant au mot "victime", toujours proscrit, il n'existe pas, d'ailleurs je viens de l'inventer... On n'a pas le droit d'être une victime, la société ne l'entend pas ; c'est uniquement "un terme juridique" comme j'ai déjà pu l'entendre, tout comme le "harcèlement moral au travail" d'ailleurs, surtout n'en parlons pas car c'est uniquement un "risque psychosocial" et rien d'autre... Au coeur du déni encore et toujours mais les boites de Pandore, sont très résistantes à ouvrir...

Un grand merci donc à Régionjob pour ce prix et au jury pour avoir été touché par ces mots... en espérant que ces divers articles contribuent petit à petit à sortir du silence, à se dire (et non plus à mots dire), à lutter et prévenir pour que cela n'arrive plus...

S. LAURO - 13 août 2011